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  • Photo du rédacteurStéphanie

Les violences éducatives ordinaires dans la littérature jeunesse

Il y a quelques jours, au moment de l'histoire du soir, ma fille choisit un livre que je ne lui avais encore jamais lu. Une histoire de papa panda et bébé panda somme toute inoffensifs. Je m'installe, commence la lecture, et au fil des pages, le malaise s'installe peu à peu. Jusqu'à ce que je bugue littéralement sur cette double page sans savoir quoi dire.





Je n'ai pas lu ces mots à ma fille, simplement parce que je ne les cautionne pas, et que je ne souhaite pas qu'elle les entende.


Pourtant, ils sont bien là, au détour d'un livre pour enfant, d'une histoire de papa panda et bébé panda. Si bien ancrés qu'ils ne semblent pas poser de problème aux auteurs, à l'éditeur et aux parents qui l'achètent (dont moi ! Ça m'apprendra à ne pas lire les livres avant de les acheter!)


Mais alors qu'est ce qui gène au fond ?


D'abord le "même quand je suis vilain" : On enfant N'EST PAS vilain par nature. Rappelons que l'enfant naît naturellement bon et empathique. Ce que nous appelons communément "bêtise" n'est pas fait dans le but de nous provoquer, mais cela reste tout simplement une expérience pour l'enfant. Comment pourrait il savoir que quelque chose ne se fait pas si il n'a pas essayé ? L'enfant a besoin de tester les choses, de tester le cadre. Tout ce que fait un enfant a une visée positive derrière, seulement nous ne la voyons pas toujours ! Rappelons nous simplement que l'enfant construit, et non détruit. Et puis d'abord, ça veut dire quoi "être vilain?" Ce qui ne se fait pas pour l'un se fera peut être pour un autre. Tout ça est au final très subjectif et donc ne veut pas dire grand chose ...


Ensuite "y réfléchir sur la marche des vilaines personnes" : D'abord, on ne sait pas vraiment quel est l'âge de bébé panda et donc s'il est en capacité de réfléchir ou non à ce qu'il vient de faire, d'autant plus s'il est seul sur une marche ... (spoiler alert, en dessous de 6/7 ans, ils n'en sont pas capables ....)

Puis "la marche des vilaines personnes", c'est comme "la chaise à réfléchir" bien connue de certains professionnels de l'enfance, et même de la petite enfance. En quoi le fait d'aller s'isoler du reste du groupe/du monde va aider l'enfant à prendre conscience de ce qu'il vient de faire ? Isoler un enfant reste un acte violent, surtout si on le somme de rester immobile sur la chaise/la marche ou tout simplement "au coin" alors qu'il peut très bien être en proie à une émotion intense comme la colère qui nécessite une décharge ET un accompagnement de l'adulte ! Laisser un petit enfant seul pour se calmer est aberrant dès lors qu'on sait que son cerveau en est biologiquement incapable en dessous d'un certain âge. De plus l'exclusion est l'une des pires punitions pour un être humain (alors imaginez pour un enfant dont le cerveau est encore immature!) Dans le passé, l'exclusion signifiait la mort parce qu'il était presque impossible de survivre seul ! L'exclusion représente également une coupure de l’enfant d’avec l’adulte qui s’occupe de lui et qui est supposé lui offrir soutien et sécurité

Rajouter à cette forme d'exclusion une parole humiliante et dévalorisante comme "vilaine personne" qui sous entend que L'ENFANT lui même est vilain (marche aussi avec mauvais, méchant, pas beau, pas gentil etc etc ....) et vous obtiendrez ... ce qu'on appelle une VEO (Violence Éducative Ordinaire) Tous ces mots représentent des étiquettes que nous collons sur la tête de notre enfant et dont il aura du mal à se défaire. Il grandira avec l’idée qu’il est effectivement méchant et il l’intégrera à sa personnalité. Quand on dit : « Tu es méchant », on parle de lui au lieu de parler de son comportement. On le juge, on le dévalorise, on le rejette, et tout ça c’est terriblement dur.


Au final, après cette histoire, j'ai trié tous les livres de ma fille et je n'en ai trouvé qu'un seul du même goût que j'ai également écarté de sa bibliothèque. Il n'empêche que nous, parents, devons être vigilant car les livres ont beaucoup d'influence sur nos enfants (ma fille en connait certains par cœur littéralement!) et il nous incombe donc la responsabilité de bien choisir ceux qui nous semblent leur transmettre les valeurs que nous voulons leur transmettre et pas l'inverse !

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